Économie d’azote
La luzerne permet d’économiser de l’azote pendant sa culture et sur la culture suivante mais nécessite une attention lors du retournement de la culture pour éviter le lessivage d’une partie de l’azote.
La luzerne, en tant que légumineuse, ne nécessite aucun apport d’engrais azoté minéral pour sa croissance. La fixation symbiotique permet un ajustement précis de l’azote nécessaire aux besoins de la plante pour son développement (système racinaire, tiges, feuilles).
La plante consomme préférentiellement l’azote minéral du sol, ce qui est important pour la qualité de l’eau (fonction épuratrice de la luzerne) ou pour l’épandage d’effluents organiques.
En effet, la luzerne peut , dans certaines conditions, recevoir des effluents animaux ou agro-industriels. Les conclusions du groupe « Fertilisation Azotée des légumineuses » du CORPEN pour la luzerne sur ce sujet sont les suivantes:
La fertilisation azotée minérale ou par des produits organiques n’a pas d’effet ni sur le rendement ni sur la qualité (teneur en protéines) de la luzerne.
Sur luzerne, l’apport raisonné d’effluents agro-industriels, ou d’élevage contenant de l’azote organique, n’entraîne pas d’augmentation du risque de lessivage de nitrates, en cours de culture ou après retournement de la luzerne.
Actuellement, seules les agro-industries bénéficiant d’un plan d’épandage déjà approuvé peuvent épandre leurs effluents sur luzerne.
Pour les effluents d’élevages bovins-viandes et porcins, les arrêtés ministériels du 1er juillet 1999 parus au Journal Officiel le 14 septembre 1999 autorisent les épandages sur luzerne dans la limite de 200 kg d’azote/ha/an.
L’épandage doit se faire dans le respect des obligations réglementaires préconisées par les programmes d’action « Directive Nitrates » et la réglementation « Installations Classées » et avec les recommandations suivantes :
– Les effluents liquides sont préférables.
– Les épandages d’effluents organiques ne peuvent être réalisés que sur luzerne pure destinée exclusivement à la fauche. Ils doivent avoir lieu sur une culture installée, à partir de la première coupe de la première année d’exploitation. En année de production, les apports peuvent avoir lieu après chacune des 3 premières coupes sur 4 coupes. Toutefois, en dernière année d’exploitation, ils sont à proscrire après les 2 dernières coupes, afin que la luzerne puisse absorber l’azote minéral présent dans le sol avant retournement de la culture. D’une manière générale, ils sont réalisés en dehors des périodes de drainage.
– Les épandages ont lieu dans les quelques jours suivant la coupe, avant repousse des plantes : les effluents ne risquent alors pas de souiller les parties aériennes qui seront récoltées.
Lors de son retournement, la luzerne libère de l’azote pour les cultures suivantes, nécessitant une gestion particulière afin de bien le valoriser et d’éviter les fuites en nitrates. L’azote disponible provient de la minéralisation de l’azote contenu dans les débris de racine et de culture enfouis dans le sol suite au retournement de la culture. Des études ont mis en évidence que cette libération de l’azote était progressive et continue sur 18 mois (Justes et Al, 2001+article téléchargeable ci dessous).
La culture suivante doit être installée rapidement après destruction de la luzerne pour limiter les risques de lessivage des nitrates. Lors d’une destruction en automne après la dernière coupe, une culture d’hiver doit être implantée rapidement. Par contre si une culture de printemps doit suivre, le retournement de la luzerne ne devra pas être réalisé en automne juste après la dernière coupe mais seulement en fin d’hiver avant la reprise de croissance de la luzerne ; cela permet d’éviter d’avoir une situation de sol nu.