Semis
Un choix important : le mode d’implantation
L’été et le printemps sont les deux époques retenues traditionnellement pour l’implantation des luzernes. Les conditions d’humidité et de températures différentes à ces époques nécessitent le respect de bonnes conditions de semis.
– Plus de 70% des ensemencements sont réalisés pendant la période estivale. Etalés entre le début juillet et la mi-août, ces semis connaîtront des fortunes diverses.
– Un semis précoce début juillet bénéficie de meilleures chances de réussite, avec la présence d’une relative humidité derrière un escourgeon ou une jachère. Le jeune semis aura alors une durée maximum de développement avant l’hiver. Ces conditions assurent une production satisfaisante dès la première coupe.
– Un semis plus tardif (début août) sera plus souvent confronté à des périodes de sécheresse lors de sa germination et son système racinaire aura rarement l’occasion avant l’hiver de se développer suffisamment. Les jeunes plantes seront plus facilement sensibles au gel et aux phénomènes de déchaussements hivernaux dans les sols crayeux.
– Les semis de printemps se partagent en deux catégories : les semis sous couverts et en sols nus.
Le choix du semis sous couvert est déterminé par des raisons d’assolement (absence d’escourgeon sur l’exploitation) ou pour éviter les risques d’implantation d’été dans des conditions de sécheresse. Il est cependant difficile de mener techniquement deux cultures ensemble. Une des deux cultures est en effet pénalisée par la présence de l’autre.
– Les semis en sol nu de printemps ont pratiquement disparu de la zone de production de Champagne-Ardenne. Ils garantissent une bonne implantation. Mais la production de l’année du semis, voisine de 6 tonnes de MS/ha, n’assure plus un revenu suffisant malgré deux années de pleine production après l’année de semis.
La préparation du sol : rapidité et qualité font la différence
Suivant le mode d’implantation, l’agriculteur doit gérer au mieux deux postes clés que sont :
– le devenir des résidus du précédent,
– le travail du sol
Eliminer les résidus
Dans le cadre des semis d’été, les pailles connaissent trois destinées : le broyage, l’enlèvement ou le brûlage.
Le broyage et l’enfouissement aussitôt après la récolte se pratiquent dans plus de 50 %(2) des cas. Un enfouissement rapide et de qualité ressort régulièrement dans les enquêtes comme étant la meilleure technique en termes de productivité la première année d’exploitation.
Le brûlage ne se réalise que dans 10 %(2) des cas. Cette technique, soumise à autorisation par arrêté préfectoral, n’est pas sans présenter un certain nombre de risques. Elle peut de plus entraîner un retard dans les travaux d’implantation par rapport à l’enfouissement. En effet, des pailles encore vertes ou des conditions climatiques défavorables au brûlage amènent l’agriculteur à retarder sa réalisation. En terme de rapidité de semis, le brûlage s’intercale entre l’enfouissement et l’enlèvement.
L’enlèvement des pailles réalisé dans 35 %(2) des cas génère régulièrement un retard dans les interventions culturales.
Les parcelles où les pailles sont enlevées sont souvent semées en dernier, ayant pour conséquence une perte de 500 kg de MS/ha en première année de production par rapport aux pailles enfouies.
Pour les semis sous couvert de printemps, rappelons que l’enlèvement des pailles est une priorité aussitôt la récolte, pour permettre à la luzerne de poursuivre sa croissance et éviter que les parasites ne trouvent un abri dans les andins.
Travail du sol : soigner la structure
Les semis de printemps s’effectuent sur un sol ressuyé. Il faut rechercher un resserrement et un émiettement suffisant du lit de semence en évitant les sols creux ou les semelles de labour.
Les semis d’été nécessitent, dans tous les cas, la préservation de l’humidité du sol.
Diverses solutions sont possibles :
– avec labour,
– sans labour avec outil animé,
– en semis direct…
La technique traditionnelle avec labour est fortement présente dans les sols de craie, suivant l’itinéraire « Récolte du précédent, Labour, Herse-Croskill-Croskillette, Semis ». Le retassement en profondeur du sol facilite la remontée de l’humidité vers la graine et le contact sol graine est assuré par un bon émiettement et un resserrement du lit de semence.
Labour, préparation et semis doivent être réalisés dans le laps de temps le plus court possible afin d’éviter les pertes d’humidité.
Le non labour est pratiqué dans des sols difficiles à travailler en été. Le recours à des outils animés est possible à condition de bien resserrer le sol et de semer rapidement.
Le semis direct requiert, pour sa part, une bonne structure du sol, un retrait rapide des pailles et de l’humidité en surface pour la germination de la graine.
Un suivi régulier des parasites (sitones) abrités dans les chaumes doit être effectué. On constate également, dans les semis directs, une présence plus importante de mulots et campagnols.
Le semis direct permet d’éviter les phénomènes de ruissellement et d’érosion dus aux orages.
Un semis à 25 kg
Les doses pratiquées en sol nu d’été s’échelonnent entre 23 et 30 kg pour un conseil de 25 kg/ha (le poids de mille grains est égal à environ 2,2 g). Le réglage des semoirs est souvent délicat avec une aussi petite graine. Les traitements de semences peuvent faire varier le débit du semoir. L’augmentation de la dose de semis n’assure pas la réussite de l’implantation et les semis à 30 kg n’ont pas d’incidence sur la production. Seule la rapidité du semis après le travail du sol est gage de réussite.
La profondeur de semis est comprise entre 1 et 2 cm.
En semis sous couvert, la dose de luzerne à semer est de 25 kg. La densité de l’orge est voisine de 300 grains/m2. Il est préférable de semer les deux cultures le même jour après les dernières périodes de froid (à partir du 15 mars en Champagne).
Les semis décalés dans le temps entraînent souvent un étouffement de la luzerne par l’orge.
L’écartement entre les rayons est traditionnellement voisin de 17 cm. Un semis à écartement plus réduit permet une concurrence plus rapide de la luzerne sur les adventices. La luzernière n’est cependant pas plus productive.
(1) GRIME – 1996- Étude de la mise en place de l’indice foliaire de la luzerne au printemps. Effet des protéines de réserves – Mémoire de fin d’étude.
(2) CDER – CA 51 – SNDF 1999.